J’ai participé la semaine dernière à la deuxième édition du Building Reconciliation Forum. Il s’agit d’un rassemblement annuel de deux jours dans le cadre duquel les participants réfléchissent au rôle des établissements d’enseignement postsecondaire quant à la mise en œuvre des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. J’y étais pour écouter et apprendre.
L’expérience m’a ouvert les yeux et atteint droit au cœur alors qu’un conférencier après l’autre soulignait les conséquences du passé colonial et du traitement génocidaire du Canada à l’endroit des Autochtones. Ces témoignages à la première ou troisième personne venaient toujours du fonds du cœur. Je suis reconnaissant d’avoir pu assister à cet événement et je ressens un sentiment de grande humilité face au courage des survivants venus raconter leur histoire.
Pour dire vrai, je commence tout juste à comprendre à quel point les traumatismes vécus dans les pensionnats influent sur la vie quotidienne actuelle des Autochtones. Pour reprendre les mots de la vice-rectrice de l’Université de l’Alberta Wendy Rodgers, « la sensibilisation face aux pensionnats et aux répercussions de la colonisation prend davantage la forme d’un lent réveil que d’une épiphanie ».
En deux mots, nous faisons le voyage ensemble et il est impossible de trouver des solutions de manière indépendante, encore moins d’en venir ainsi à une réconciliation.
J’ai aussi été frappé par la constance à laquelle on désignait le chemin vers la réconciliation comme une route à double sens. Plusieurs définitions ont été mises de l’avant puisqu’il s’agissait d’une conférence universitaire, mais tous s’entendaient pour dire que des relations sincères seront au cœur du processus de réconciliation. En deux mots, nous faisons le voyage ensemble et il est impossible de trouver des solutions de manière indépendante, encore moins d’en venir ainsi à une réconciliation.
Un des grands défis consiste donc à ne pas se presser pour trouver des solutions. Il faut accepter de vivre avec les tensions créées par le fait que pour rétablir les relations, tout le monde doit changer et changer ensemble. Le changement se fait de concert et prend du temps, parfois plus que ce que nous aimerions. Même si nous sommes tous d’accord pour dire que le travail presse, nous ne pouvons pas nécessairement l’accélérer. Ces tensions amèneront de l’inconfort et celui-ci indiquera que nous faisons des progrès. Il s’agit en effet d’un travail ardu qui ne deviendra que plus difficile avec le temps.
Qu’est-ce que cela signifie pour Re-Code? En bref, nous ne le savons pas vraiment encore.

Crédit: Gary Yokoyama, The Hamilton Spectator – Espace autochtones à l’Université McMaster
Il existe une foule d’activités, de programmes et de plateformes que nous pourrions appuyer. Voici quelques exemples mentionnés lors du Forum : renforcer les capacités, soutenir l’accès et la rétention des étudiants autochtones, augmenter le nombre d’Autochtones en position de leadership, reconnaître et apprécier les différentes formes de savoir au sein des universités, créer des espaces accueillants pour les Autochtones dans les établissements d’enseignement supérieur, rendre obligatoire un curriculum sur l’histoire et l’enseignement des langues autochtones, etc.
Pour une réconciliation réelle et sincère, il faut que les esprits se rencontrent, que la réconciliation se produise progressivement au fil du temps et que l’on reconnaisse à la fois les souffrances et la culpabilité. C’est pour cette raison que toutes les activités mentionnées plus haut sont importantes et nécessaires. Toutefois, ce ne sont là que des étapes le long d’un chemin menant à une vision commune plus vaste pour bâtir des relations axées sur l’humilité, le respect et une compréhension mutuelle.