Vue d’ensemble
Dans la dernière année, les membres de la première cohorte du Fonds d’alimentation institutionnelle de la fondation ont fait des progrès emballants dans l’achat d’ingrédients locaux produits de façon durable pour leur institution. Huit projets – écoles, hôpitaux, centres de soins de longue durée et campus de tout le Canada – ont consacré en tout 1,6 million $ à l’achat d’aliments locaux, dont 325 000 $ en biens qui respectent d’autres critères de durabilité, comme la viande produite sans antibiotiques thérapeutiques.
Ces changements proviennent d’un ensemble d’activités, notamment la coordination des livraisons directement de la ferme, la création de nouveaux postes et la mise sur pied de groupes de travail interinstitutionnels.
L’un des obstacles qui entravent l’approvisionnement des institutions en aliments locaux produits de façon durable est le manque d’infrastructures pour soutenir le lien entre acheteurs fervents et fournisseurs durables – et plusieurs institutions de notre cohorte ont relevé le défi de tisser des liens entre les institutions et les producteurs locaux. Le North Island College de Comox Valley, sur l’île de Vancouver, a coordonné avec succès des livraisons directement de la ferme afin d’accroître la vente d’aliments locaux à un hôpital et un établissement de soins de courte durée de la région. De même, l’Ecology Action Centre de Halifax, en Nouvelle-Écosse, a développé une chaîne de valeur régionale qui permet la livraison de filets surgelés de pêcheurs commerciaux à un hôpital et un établissement de soins de santé de longue durée situés tout près à Yarmouth.
Des membres de cette cohorte ont aussi réussi à mettre sur pied des programmes en vue d’aider le personnel à utiliser les produits de saison et les mettre en valeur. À Montréal, Équiterre a collaboré avec le centre de soins de longue durée du CSSS Pointe de l’île et la commission scolaire en vue d’offrir au personnel de cuisine de l’hôpital de la formation sur la façon de trouver et d’apprêter des fruits et légumes de saison, par l’élaboration de menus et la valorisation. Au Nouveau-Brunswick, le Réseau des cafétérias communautaires – présent dans 25 écoles d’un district scolaire francophone – s’approvisionne maintenant à 60 % auprès de pôles alimentaires locaux. Le Réseau investit dans le perfectionnement du personnel : cours de cuisine avancée, visites à la ferme, marketing créatif et activités éducatives en vue de rallier parents et élèves autour du système alimentaire. Grâce à la création d’un poste de gestionnaire, durabilité du système alimentaire, l’Université Concordia a établi des cibles d’approvisionnement local et durable en collaboration avec son fournisseur de services alimentaires.
Un autre fait marquant de ces projets est la mise sur pied de réseaux et de groupes de travail collaboratifs. À Vancouver, Farm Folk City Folk a forgé un partenariat avec le conseil scolaire de Vancouver et travaillé avec le distributeur Sysco en vue de créer des recettes qui mettent en valeur des ingrédients locaux pour les écoles secondaires de la région. En Alberta, Edmonton Northlands a réuni un groupe de travail diversifié, formé de représentants d’institutions et de distributeurs qui totalisent plus de 100 millions $ en approvisionnement alimentaire annuel. Ensemble, ces intervenants travaillent à des stratégies visant à simplifier le processus de recherche d’aliments locaux et accroître l’achat d’aliments locaux produits de façon durable.
Difficultés et apprentissages
Le Réseau pour une alimentation durable, partenaire de la fondation, réunit un groupe d’apprentissage formé de membres de ces projets dans le cadre de vidéoconférences régulières. Le collectif facilite l’entraide et l’échange – réussites, difficultés et leçons de l’expérience.
Et ce ne sont pas les difficultés qui manquent! Un problème courant est de changer la culture institutionnelle pour réussir le virage vers une saine alimentation. Qu’il s’agisse d’éplucher plus de carottes, de modifier le suivi des achats ou de créer des menus de saison, il y a des habitudes de travail bien ancrées qu’il est parfois difficile de modifier.
Par ailleurs, même s’ils s’efforcent de faire connaître les aliments locaux frais, produits de façon durable, et d’accroître la demande, plusieurs projets ont eu du mal à s’approvisionner adéquatement en produits locaux ou durables à des prix acceptables pour l’institution. Les producteurs locaux se butent à plusieurs obstacles systémiques quand ils veulent s’intégrer aux grands systèmes de distribution alimentaire ou vendre directement à des institutions – citons notamment les exigences de plus en plus strictes en matière de salubrité et de traçabilité, souvent non viables pour les plus petits producteurs.
La suite des choses
La fondation et le Réseau pour une alimentation durable ont élaboré une stratégie conjointe pour la prochaine étape du programme d’alimentation institutionnelle, axée sur l’établissement de points d’intervention stratégiques et de moyens de contrer les obstacles systémiques qui entravent notre vision d’une alimentation saine, savoureuse, locale et durable dans les institutions. Alors que nous apprenons à décoder les complexités du système alimentaire dans les institutions, notre travail reste ancré aux réussites et aux difficultés bien concrètes des projets de cette cohorte. Nous sommes impatients de poursuivre la collaboration avec des acteurs de toute la chaîne de valeur ainsi qu’avec les gouvernements et d’autres bailleurs de fonds en vue de généraliser le changement.