Une enfance résiliente, une société résiliente

Lorsqu’on se plonge dans une discussion avec Elana Ludman, le rythme ralentit et le temps aussi. Elle commence : « La résilience fait partie du bien-être ». Un sentiment de calme imprègne sa voix, rayonnant à travers le téléphone, tandis qu’elle approfondit cette idée.

De nombreuses recherches sur la résilience psychologique ont été menées dans le monde entier. Elles révèlent que certaines personnes sont plus aptes à faire face aux changements ou aux situations difficiles.

Le travail de Mme Ludman avec des fondations œuvrant dans le domaine de la santé mentale lui donne une perspective panoramique sur la question de la résilience.

« La résilience est en partie naturelle et en partie acquise. Elle commence dès le plus jeune âge. C’est pourquoi il est essentiel d’aider les enfants et les jeunes à acquérir des compétences pour développer leur propre résilience. Nous savons que nous sommes dans une période de changement rapide et que nous devons constamment nous adapter, nous ajuster et être flexibles. Nous savons également que la pandémie ne sera pas la dernière crise mondiale. Comment pouvons-nous contribuer à bâtir une population en meilleure santé à l’avenir? L’une des solutions consiste à intégrer des compétences en santé mentale dans le cadre de programmes scolaires. Un autre moyen est de s’assurer que les jeunes ont accès à des services de soutien adéquats ».

La Fondation Graham Boeckh, où elle travaille, se concentre sur les modèles intégrés de soins et de collaboration pour améliorer le bien-être des jeunes. Un exemple de modèle qu’elle évoque est un « centre intégré pour les jeunes » ou un guichet unique pour les jeunes, qui comprend des services portant sur la santé mentale, la toxicomanie, le logement, l’emploi, l’aide au revenu, de même que des activités parascolaires et du soutien par les pairs. Les partenaires de Chatham-Kent (dans le sud-ouest de l’Ontario), qui dispose d’un centre intégré pour les jeunes, ont dit à Elana que tout au long de la pandémie, le centre a permis aux jeunes d’obtenir l’aide et le soutien dont ils avaient besoin. D’autres communautés, à quelques kilomètres de là, ont vu leurs visites aux urgences monter en flèche pour des problèmes de santé mentale affectant les jeunes.

Elana explique : « La Fondation est convaincue que le concept d’intégration permet d’obtenir de meilleurs résultats. Dans cette approche, un jeune évite de répéter son histoire à différents intervenants, et ces derniers travaillent ensemble pour placer le jeune au cœur des services. Cela rend à la fois la personne et l’organisation plus résilientes ».

Plus généralement, elle pense au bien-être et à la résilience à travers un continuum : « À différents moments de sa vie, chaque personne peut avoir besoin d’une multitude de types de soutien. Par exemple, pour certaines personnes, elles peuvent bénéficier d’applications de méditation ou de services en ligne pour les aider à se sentir bien. Pour d’autres, en situation d’épuisement professionnel ou d’anxiété, il peut être nécessaire de faire appel à une aide professionnelle ».

Elle souligne que l’une des difficultés dans le domaine de la santé mentale est que même lorsque des communautés disposent de services, la façon dont ils sont organisés — de manière accessible et stratégique — doit être améliorée. 

Bien que la pandémie ait exacerbé les problèmes de santé mentale, elle a également souligné l’importance des approches collaboratives en matière de santé mentale afin de favoriser la résilience et le bien-être. Dans son travail avec le Groupe d’affinité pour la santé mentale et le bien-être (Mental Health and Wellness Affinity Group), un groupe de 30 fondations privées et d’entreprises qui investissent dans la santé mentale au Canada, Elana a remarqué que de nombreuses fondations n’ont pas modifié leur stratégie lorsque la pandémie a commencé. Cela s’explique en partie par le fait que de nombreux bailleurs de fonds abordaient déjà les questions de santé mentale de manière stratégique, en privilégiant l’impact à long-terme.

Mme Ludman est optimiste, car les fondations et les gouvernements continuent de travailler ensemble pour développer des approches intégrées : « Il est devenu acceptable de demander de l’aide et, maintenant plus que jamais, les gens s’engagent à travailler ensemble pour mettre en place les soutiens et les systèmes nécessaires pour être en bonne santé mentale et résilient ».

 

Elena Ludman est la vice-présidente, Santé mentale des jeunes, de la Fondation Graham Boeckh, une fondation familiale privée qui vise à provoquer des changements transformationnels pour améliorer la vie des personnes atteintes de maladies mentales ou à risque. Elle est également co-présidente du groupe d’affinité pour la santé mentale et le bien-être qui cherche à mobiliser les ressources philanthropiques pour renforcer le secteur de la santé mentale et du bien-être au Canada.

Photos fournies par la Fondation Graham Boeckh.