Résilience Montréal : L’endurance des actions concrètes

Comment Nakuset, directrice du développement et de la philanthropie de Résilience Montréal, conçoit-elle la résilience?

Quel plaisir de parler avec Nakuset de Résilience Montréal, pendant la Semaine de la santé mentale. Son énergie est généreuse et optimiste, et son sourire est contagieux au téléphone. Il est immédiatement évident qu’elle peut déplacer des montagnes avec son enthousiasme, son dévouement et, oui, sa propre résilience.

Lorsqu’elle réfléchit à la signification de la résilience pour son organisation, il est évident qu’une définition rapide ne peut en saisir toute la profondeur. La résilience se trace comme un chemin d’endurance et de tissage de relations au fil des 20 dernières années. La résilience, c’est aussi des actions quotidiennes concrètes qui améliorent le bien-être et la santé mentale des sans-abri, près du square Cabot à Montréal. 

Des actions quotidiennes« Hier, nous avons proposé des coupes de cheveux à l’extérieur pour tout le monde », dit-elle. Quand elle pense au mieux-être, elle pense en premier lieu aux sans-abri, qui ne sont pas accueillis dans un salon de coiffure ou un spa pour prendre soin d’eux. « Ils sont en situation de crise, en mode survie, tout le temps. Résilience Montréal est un espace qui est conçu pour leur bien-être. » L’équipe d’Architectes Sans Frontières a spécifiquement sélectionné des couleurs qui inspirent le calme dans leur espace actuel. Elle explique : « Ils ont fait un travail tellement merveilleux que les gens entraient en pensant que c’était un café à la mode. » 

L’espace actuel a été pensé en tenant compte de la culture autochtone et en créant un lieu où l’on se sent bien, tout de suite, dès que l’on y entre. Il y a une roue de médecine peinte sur le mur et une ceinture Wampum. « L’idée est d’offrir un espace qui permette aux gens de se sentir bien et de se sentir chez eux ».

Nouveau bâtiment
Résilience Montréal a reçu 3,6 millions de dollars du gouvernement du Québec, jumelé par le gouvernement fédéral, pour l’achat d’un immeuble et a également obtenu des contributions de fondations pour augmenter l’impact de ses opérations. 

Architectes Sans Frontières a consulté la communauté de Résilience Montréal pour s’inspirer du prochain bâtiment, qui devrait ouvrir ses portes en avril 2022. «C’est génial ce que nous faisons! », s’exclame-t-elle. 

 

Les architectes se sont rapprochés des Premières Nations et des Inuits impliqués dans le processus de conception et ont fait une consultation auprès de toutes les personnes qui utilisent Résilience Montréal. « Qu’est-ce que vous voulez voir dans ce nouvel espace? Qu’est-ce qui peut vous faire sentir comme à la maison? À quoi ça ressemble pour vous? », ont-ils demandé. Cette collaboration collective s’appuie sur le succès de l’ancien local, et fait en sorte que les gens se sentent inclus dans le processus. Nakuset voit à quel point cela leur apporte une dignité collective et un sens de valeur individuelle. 

Des activités axées sur le bien-être ont été proposées par le passé : yoga, tai-chi, séances de réflexologie ou coupes de cheveux. Nakuset souhaite poursuivre dans cette voie : « Il est impossible d’avoir une manucure ou une pédicure si on est sans abri : on ne peut tout simplement pas y avoir accès. Nous allons les consulter et découvrir le type de services qu’ils souhaitent. Il s’agit de trouver un équilibre entre les services de base et tous les services complémentaires, s’ils le souhaitent. » L’organisme envisage développer un centre de soins pour créer le même genre d’atmosphère d’un spa. On conçoit aussi réserver un coin pour des consultations privées, qu’il s’agisse de santé mentale ou de renseignements sur le logement.

De l’essentiel aux besoins supérieurs
La résilience, c’est aussi offrir des services concrets au quotidien, allant des nécessités de base à des besoins plus conséquents, sans forcer personne. L’organisme offre trois repas chauds par jour, l’accès à une douche et à des vêtements. On propose également des journées thématiques au cours desquelles des organismes externes offrent de l’information tant sur l’accès à un logement, que des services de santé ou de protection de la jeunesse.

Tout au long de la pandémie, Résilience Montréal a fonctionné à l’extérieur et a continué à fournir de la nourriture et des vêtements dans la tente chauffée du square Cabot. Le bâtiment est maintenant accessible à la communauté, et on vient d’y effectuer une opération de vaccination. La pandémie a exacerbé les problèmes de santé mentale, et Résilience Montréal espère qu’un membre du personnel dédié à l’intervention en santé mentale sera intégré à son équipe.

Le travail de partenariat institutionnel qui s’est établi au fil des ans avec la Ville de Montréal, la police et les services de protection de la jeunesse, dans le cadre du travail de Nakuset au Foyer pour femmes autochtones de Montréal, a permis à Résilience Montréal de bâtir un projet plus important et à plus long terme.

Par exemple, la police peut recueillir des témoignages directement dans son bâtiment – plutôt que dans un autre secteur de la ville – pour les cas d’agression sexuelle. Il est plus facile de fournir ces services dans un espace familier avec le soutien du personnel. Un psychologue offre aussi des services de consultation une fois par semaine. Ces services institutionnels et de santé sont importants pour le bien-être à long terme, et Résilience Montréal projette aller encore plus loin en ouvrant son nouveau bâtiment l’année prochaine.

Nakuset pense au logo de Résilience Montréal – un Inukshuk – une structure qui se bâtit et s’élève. Sa traduction est « ce qui agit en la capacité d’un humain ». Il symbolise   une structure, un bâtiment – l’essence même de Résilience Montréal.

Résilience Montréal
Résilience Montréal est un espace pour les personnes itinérantes de Montréal, plus précisément pour les personnes itinérantes qui occupent le square Cabot. Nous comprenons et respectons les origines autochtones de la majorité des sans-abri qui viennent à notre foyer. Nous avons des films et de la littérature autochtones, ainsi que de la nourriture et des divertissements provenant de nombreuses autres cultures. Résilience est un endroit où vous pouvez venir, où tout le monde connaît votre nom et où vous pouvez toujours compter sur une communauté de personnes à qui parler et vous confier.

Photo : Marie-Claude Fournier.

 

Nakuset
Nakuset est la directrice du développement et de la philanthropie de Résilience Montréal et la directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal. Elle est Cri de Lac la Ronge, en Saskatchewan. Elle se consacre à l’amélioration de la vie des Autochtones vivant en milieu urbain.