Résumé des recherches sur l’écriture inclusive

La Fondation McConnell est traditionnellement considérée comme une fondation anglophone. Nous nous efforçons toutefois d’améliorer la communication dans notre deuxième langue, le français, alors que nous approfondissons notre engagement dans des communauté francophones au Canada. Après avoir été récemment sensibilisés aux nouvelles normes de langage, nous avons compris que nos pratiques actuelles devaient évoluer. Nous avons donc étudié diverses approches d’écriture inclusive, en particulier celle du langage épicène (c’est-à-dire de genre neutre). Nous avons ensuite décidé de modifier notre guide de rédaction interne. Nous avons également fait des recherches pour aborder les questions de race et d’identité de genre.

 

Voici le résumé de nos travaux. Nous tenons à remercier Basile Groussin, Julie Médam, Marie Lachance et Will Prosper pour leur aide précieuse.

 

Résumé des recherches sur l’écriture inclusive

« Il semble que les hommes aient voulu nous ravir jusqu’aux noms qui nous sont propres. Je me propose donc, pour nous en venger, de féminiser tous les mots qui nous conviennent. »

– Mme de Beaumer, 1762

C’est avec cette citation que commence le guide Grammaire non sexiste de la langue française. Si plusieurs ouvrages récents abordent le sujet de l’écriture inclusive, celui-ci pose clairement les enjeux du débat dès son titre : la grammaire française est-elle sexiste?

Cette question est une spécificité de la langue française. En anglais, le langage est indifférent du genre : le pluriel est neutre (they, them) et les adjectifs sont invariables. Par exemple, l’adjectif beautiful se déclinera en une multitude de possibilités dans la langue de Molière : beau, belle, beaux ou belles selon le nombre et le genre des personnes en présence. Mais ce qui pose véritablement problème, c’est l’utilisation générique du masculin pluriel pour définir aussi bien les hommes que les femmes.

Cette question n’est pas nouvelle – la citation de Mme de Beaumer, militante du droit des femmes et éditrice du Journal des Dames au 18e siècle en témoigne – mais elle a pris une autre dimension dans les années 1970, lorsque les mouvements identitaires se sont multipliés dans les pays occidentaux. Plusieurs associations réclament l’émancipation des femmes au travail et dans la famille, où celles-ci sont souvent reléguées à des rôles de second plan (secrétaire, mère au foyer), ainsi que de nouveaux droits (contraception, avortement, divorce).

C’est dans ce contexte que seront logiquement posées les premières pierres d’un langage laissant plus de place aux femmes. En 1979, la Gazette officielle du Québec préconise pour la première fois la féminisation des titres professionnels : on parle alors d’une avocate, d’une ministre ou d’une architecte.

Aujourd’hui, l’écriture inclusive n’est plus le seul fait des mouvements féministes mais est une question importante pour les gouvernements et les organisations, qui produisent des recommandations et des guides à destination de leur personnel. Après un rapide détour historique sur le traitement de cette question (1), nous verrons les usages pratiques de l’écriture inclusive (2). Ce sujet amène également à s’interroger sur la place de certaines communautés dans la grammaire française, par exemple les personnes transgenres ou racisées (3).

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