Réflexions sur la finance sociale et l’investissement d’impact

PhilipauthorFRSocial-FinanceblogMon stage à La fondation de la famille J.W. McConnell m’expose au domaine attirant et stimulant de la finance sociale et cela a changé ma vision du monde – j’ai découvert l’impact majeur des décisions d’investissement que l’on prend tout au long de sa vie. Depuis le Forum 2014 sur la finance sociale tenu à Toronto au MaRS Centre for Impact Investing, je n’ai pas oublié une question posée par Joel Solomon, de Renewal Funds : « Que fait votre argent au moment où on se parle? ». Ce que j’en retiens, c’est l’importance d’être conscient de l’impact exercé sur la société par les grandes firmes et les organismes, et de la manière dont cela va façonner l’avenir.
Selon moi, le meilleur moyen d’activer le changement est de voter avec ses dollars et d’appuyer les entreprises qui veulent changer les choses, notamment en rapport avec l’énergie tirée des combustibles fossiles. Des programmes récents prônent ainsi de désinvestir dans ces sources d’énergie. Le mouvement prend de l’ampleur, avec des participants aussi influents que la Fondation des frères Rockefeller, une famille ayant fait fortune grâce à la Standard Oil, qui fut l’un des plus importants producteurs de kérosène au monde.¹ Avec la dégringolade du prix du pétrole brut et la prise de conscience des effets des changements climatiques, les grands sommets débattent de la possibilité d’établir pour tous les pays des cibles de réduction des gaz à effet de serre, mais le désinvestissement n’est qu’une approche possible. D’autres décident de jouer un rôle plus actif comme actionnaires en vue d’améliorer les pratiques des entreprises sur les normes sociales et les normes relatives à l’environnement et à la gouvernance; d’autres investissent dans des sources d’énergie plus propres.
De nos jours, l’énergie renouvelable est un sujet brûlant dans les médias, alors que l’énergie solaire devient une source plus concurrentielle et plus viable – le coût des panneaux solaires a baissé de plus de 80 % dans les cinq dernières années.² Si les options d’investissement restent en général accessibles aux seuls investisseurs institutionnels et accrédités, il émerge de nouvelles plateformes visant à rendre l’investissement accessible à un plus vaste public. Citons par exemple CoPower, une entreprise qui fonctionne depuis Montréal.³ Il sera intéressant de voir si le gouvernement jouera un rôle proactif pour catalyser un changement majeur en éliminant les subsides versés au secteur de l’extraction pour les diriger plutôt vers des sources d’énergie renouvelable. Le mouvement suscite un élan important sur la scène internationale – espérons que l’on modifie les politiques avant que le sujet retombe une fois de plus dans l’oubli.?
Enfin, les universités doivent elles aussi sensibiliser au rôle de la finance sociale et de l’investissement d’impact. Ainsi, ce serait un pas dans la bonne direction d’expliquer ces concepts dans les cours de finances personnelles ou d’introduction à la finance destinés aux étudiants en administration des affaires. Pour ma part, j’en ai entendu parler pour la première fois sur le site de la Fondation de la famille J.W. McConnell dans le cadre d’une recherche sur les possibilités de stage.
La finance, ce n’est pas seulement faciliter le transfert de capitaux entre investisseurs et emprunteurs. C’est aussi bâtir des sociétés et les améliorer de manière durable.


Sources :