La prospérité économique autochtone par la littéracie financière avec la CDEPNQL

Pour souligner les 20 ans pendant lesquels la Fondation McConnell s’est engagée sur la voie de la réconciliation, nous voulons rendre hommage à nos partenaires par la série La réconciliation au fil des saisons. À l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, nous présentons notre deuxième édition.
Illustrations d'Eruoma Awashish

 

 


Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL)

La Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL), fondée en 2000, a pour mission de conseiller, d’accompagner et de soutenir les communautés des Premières Nations dans l’atteinte de leurs objectifs socioéconomiques. En 2022, la Fondation est devenue partenaire de la CDEPNQL qui entreprend un projet de littératie financière en collaboration avec la Société d’épargne des autochtones du Canada (SÉDAC).

 

 


 

Contexte de la pénurie de logement

La pénurie de logements dans les communautés des Premières Nations – sans compter l’état des logements existants – est un des enjeux les plus criants pour les communautés depuis de nombreuses années. Au Québec, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) a produit le portrait quantitatif et longitudinal le plus complet de la situation en se basant sur des données en provenance des communautés. Selon ces données, 10 646 unités additionnelles seraient nécessaires d’ici 15 ans.

Depuis une dizaine d’années, il est possible pour des membres des communautés de construire, d’acheter ou de rénover une maison sur une réserve au Québec. Ce modèle financier n’existait pas auparavant : il était quasi impossible pour un particulier, résidant sur une réserve, d’avoir accès à un prêt hypothécaire et devenir propriétaire étant donné la façon dont la Loi sur les Indiens limite les droits de propriété. Depuis près d’une dizaine d’années seulement, des solutions financières se déploient, rendant possible aux Premières Nations d’obtenir du financement pour l’achat d’une maison.

 


 

Phénomène récent : propriétaires dans les réserves

Ce phénomène récent d’accès à la propriété pour les Premières Nations a cependant mis en lumière des lacunes importantes. Alors que de nombreuses institutions financières et organisations à but non lucratif proposent des programmes de littératie financière aux personnes vivant hors réserve, il n’existe pas de tels programmes pour les membres des Premières Nations vivant dans les réserves. Or, les notions apprises par le biais de ces programmes sont d’une grande aide pour les personnes qui souhaitent obtenir une hypothèque.

C’est pourquoi la CDEPNQL, en collaboration avec la SÉDAC, a voulu créer des ateliers de littératie financière qui débuteront au cours des prochains mois à travers le Québec. Le Centre d’expertise en littératie financière et habitation des Premières Nations vise à mettre en place les conditions propices à un renouveau de l’habitation chez les Premières Nations en offrant des activités de sensibilisation, d’éducation et d’accompagnement.

Steve Laveau, responsable des services aux communautés de la CEPNQL, croit qu’en proposant de la formation spécialisée et adaptée aux réalités des communautés, davantage de membres des Premières Nations pourront envisager devenir propriétaires : « le Centre a pour but de sensibiliser, d’outiller et d’encourager l’accès à la propriété – un vecteur essentiel à la vitalité économique des communautés des Premières Nations du Québec ». Une équipe mobile dirigée par des Autochtones proposera des formations en littératie financière, en littératie d’habitation et en matière d’accès à la propriété.

Martin Légaré, directeur général de la SÉDAC, explique comment ce partenariat a émergé de l’expérience des membres des communautés souhaitant acquérir une maison, qui n’avaient pas le réseau ou les connaissances pour les outiller dans leur démarche.

« Il y a des gens Martin Légaré photointéressés à devenir propriétaires, mais qui ont besoin de mentors pour les aider. Des choses qui peuvent paraître évidentes pour des personnes propriétaires hors réserve ne le sont pas lorsque personne autour de soi n’a jamais été propriétaire. Pensons à comment choisir des plans pour une maison, faire un budget, chercher et comparer des prix auprès de constructeurs, demander des soumissions pour un plombier – ces modèles-là n’ont jamais été possibles sur les réserves. Le Centre permettra à outiller les membres des communautés pour qu’ils puissent réaliser leurs rêves ».

Le Centre prévoit le déploiement d’une équipe mobile dirigée par des Autochtones pour adapter les formations aux besoins des communautés, que ce soit pour la gestion des finances personnelles, le financement d’habitation, la construction ou l’entretien. Des suivis personnalisés sont aussi prévus pour présenter aux membres les différents types d’habitations possibles et de leur impact. L’objectif est de créer un concept de formations en littératie financière qui fait ses preuves pour en faciliter l’extension à d’autres régions.

En plus de ses interventions sur le terrain, le Centre deviendra une source de référence où les différents intervenants des Premières Nations pourront avoir accès à du soutien, des outils et de la documentation pour les aider à travailler sur les enjeux liés au logement et à la littératie financière.

 


 

Projets phares de la CDEPNQL

L’équipe de la CDEPNQL travaille présentement sur plusieurs projets, qui sont d’envergures et de natures diverses. Parmi ces projets phares de la CDEPNQL, on retrouve l’Identification Premières Nations, qui est une marque officielle lancée par la CDEPNQL pour authentifier les produits et services des Premières Nations. La CDEPNQL est aussi responsable du déploiement du mouvement du Grand cercle économique des Peuples autochtones et du Québec, qui a été lancé en novembre 2021 et qui vise à favoriser une plus grande participation des Peuples autochtones dans l’économie du Québec.

Les cycles et les saisons : un mot sur la réconciliation illustrée

Il y a six saisons dans la culture atikamekw. Le pré-printemps et le pré-hiver sont des saisons qui permettent de se préparer à ce qui s’en vient. Le travail de l’artiste Eruoma Awashish illustre le sacré des saisons et des saisons intermédiaires. Ses œuvres nous aident à réfléchir à la réconciliation. Comment nous préparer ou prévoir pour ce qui s’en vient, qu’il s’agisse de l’hiver qui arrive ou du prochain printemps? Les communautés autochtones et non autochtones continuent de grandir ensemble sur le chemin de la réconciliation. Il se peut qu’en cours de route, nous soyons confrontés à des questions refaisant surface de manière cyclique. Tout comme les saisons, qui nous rappellent ces cycles. Elles nous invitent à nous préparer, à revenir et à repenser à ces enjeux complexes.

Notre sphère d’intérêt Réconciliation cherche à aborder et remédier à l’écart socioéconomique entre les peuples autochtones et non autochtones en créant de la prospérité avec et pour les peuples autochtones.