L’avenir de l’alimentation : reconstruire le centre du système alimentaire

Billet d’invité écrit par Jessie Radies, collaboratrice en alimentation locale chez Northlands
L’avenir de notre système alimentaire dépend de nous et des choix que nous faisons au quotidien. En Amérique du Nord, ce que nous mangeons, l’endroit où nous achetons notre nourriture et ce que nous cultivons influent sur la constitution du système alimentaire mondial.
Il est de plus en plus reconnu que celui-ci, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, n’est pas efficace pour nourrir la planète et aussi, qu’il entraîne un coût considérable pour celle-ci. L’autonomie des régions n’est pas encouragée, l’agriculture n’est pas financièrement viable sans des efforts constants pour réduire les coûts de production, la famine demeure bien réelle et une très grande partie de la nourriture cultivée ou élevée est gaspillée avant même de pouvoir être mangée.
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À l’échelle mondiale, les travaux dans le domaine de la science et de l’agriculture visent à fournir des calories suffisantes pour nourrir une population mondiale de 9 milliards de personnes d’ici 2050. Cela prend actuellement la forme d’une production agricole efficace à faible coût et d’infrastructures pouvant transporter, entreposer ou transformer des produits et des ingrédients partout au monde, et ce, efficacement. Cela nécessite aussi des produits chimiques et des OGM pour accroître la production annuelle et la protection contre les maladies, et minimiser le risque de mauvaise récolte. Enfin, cela veut dire que des variétés de fruits et de légumes sont cultivées en fonction de leur potentiel d’expédition. Par exemple, des oranges, des bananes et des tomates fraîches voyagent des milliers de kilomètres avant d’atterrir dans l’assiette des Nord-américains qui souhaitent manger ces aliments peu importe la saison.
Depuis ma naissance, le système alimentaire est passé de local à mondial. Cependant, la nouvelle tendance dans les marges vise une production très locale et à petite échelle, qui implique une agriculture urbaine, des variétés patrimoniales et des produits artisanaux.

La prochaine génération aura donc le défi de reconstruire le centre du système alimentaire, en se figurant comment bien développer la production à petite échelle dans un contexte mondial, sans reprendre par défaut le système actuel. La relocalisation et le développement des systèmes alimentaires régionaux, combinés à la valorisation des agriculteurs et des producteurs alimentaires, seront fort utiles pour résoudre certains des problèmes systémiques de notre système alimentaire mondial actuel.
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Mon travail porte sur la reconstruction des systèmes alimentaires régionaux grâce aux méthodes suivantes :
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  1. Montrer aux citadins l’importance des systèmes alimentaires régionaux, en créant par exemple des programmes qui favorisent et font la démonstration de l’agriculture urbaine, qui facilitent les relations commerciales directes, comme dans les marchés fermiers et dans le cadre de l’ASC, ou qui font connaître l’histoire de transformateurs et producteurs locaux.
  2. Aider les petits producteurs alimentaires à accroître leurs activités, habituellement en facilitant l’accès à de nouvelles avenues commerciales, par exemple des établissements ou des commerçants locaux, et en leur proposant des ressources : subventions, espaces et occasions de collaboration.
  3. Remettre les producteurs centrés sur l’exportation en prise avec le marché local. Souvent, on oublie les petites entreprises qui deviennent de moyennes ou de grandes entreprises, ou alors on les exclut de la scène alimentaire « locale ». Par conséquent, « l’alimentation locale » se limite aux nouvelles ou petites entreprises et elle est rejetée comme moteur économique.

Ma crainte est que nous trouvions un moyen de nourrir 9 milliards de personnes à rabais d’ici 2050 et que nous soyons contraints de nous nourrir de boissons de poudre magique et de hamburgers produits en laboratoires pendant que nous évoquons avec nostalgie les « bons vieux jours » où la nourriture était produite sur des fermes.


Quel est votre plat réconfortant?

Les pommes de terre. Je les adore de toutes les façons : bouillies, au four, sur le BBQ, frites, pilées, simples ou garnies. Je suis presque certaine de n’avoir jamais mangé une pomme de terre que je n’ai pas aimée. Le fromage et les tomates (en saison) arrivent au deuxième et troisième rang. Selon moi, le fromage devrait être un groupe alimentaire en soi. Et à ce temps-ci de l’année, je me régale de tomates tous les jours.

Vers qui devrions-nous nous tourner pour de l’inspiration, des idées et une vision à propos de l’avenir de l’alimentation?

Tout le monde! Pour découvrir de nouvelles tendances culinaires, il faut regarder du côté des camions de bouffe de rue, des marchés fermiers et des pays scandinaves. Pour ce qui est des idées et des innovations, je me tourne vers les grandes villes, les régions nordiques éloignées et le Sud dans son ensemble. Dans le domaine de l’alimentation, l’invention naît souvent de la nécessité.


 

À propos de l’auteur

Jessie Radies a acquis une réputation en tant que leader créative et entrepreneuriale, et défenseure infatigable de l’alimentation locale et du commerce indépendant. Elle possède plus de 30 ans d’expérience en restauration et 10 ans d’expérience en développement communautaire. Jessie est une boursière BALLE, ce qui l’a menée à collaborer activement avec des leaders éclairés de partout au monde sur des programmes et des procédés de développement économique communautaire, et des questions de politique économique. Jessie travaille actuellement dans la région d’Edmonton sur des projets stratégiques qui encouragent les systèmes alimentaires locaux et le développement économique communautaire. Dans ses temps libres, elle conserve un pied sur sa tribune et tente de soulever les masses et de perturber l’ordre établi.
 
Ce blogue fait partie de la série L’alimentation au futur. Nous voulions savoir à quoi ressembleront les aliments du futur? Où allons-nous, où voulons-nous aller et que pouvons-nous faire pour changer les choses? Au cours des six prochains mois, nous tendrons le micro à 12 penseurs en matière d’alimentation au Canada pour tenter de répondre à ces questions cruciales.
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