En 2011, pendant une expédition de chasse à l’orignal le long de la route des pleurs en Colombie?Britannique, Paul Lacerte et sa fille, Raven, tous deux membres de la Première Nation Carrier, parlaient des femmes autochtones assassinées et disparues et de ce qu’ils pourraient faire pour aider la cause. « Et si nous invitions les hommes à porter un morceau de peau d’orignal pour montrer qu’ils reconnaissent la nécessité de protéger les femmes et les enfants contre la violence? », ont?ils pensé. Cinq ans et 250 000 carrés de peau d’orignal plus tard, ils sont sur le point d’étendre à l’échelle nationale la campagne Moose Hide, qui se déroule actuellement en Colombie?Britannique et en Alberta. À la veille du lancement de la campagne le 5 octobre à Ottawa, Paul et Raven racontent le chemin parcouru jusqu’à maintenant…
« Nous étions en train de nettoyer l’orignal et nous parlions de toutes ces femmes autochtones assassinées et disparues. Nous voulions faire quelque chose et participer à la création d’un lieu sécuritaire pour les femmes et les enfants autochtones et non autochtones », explique Raven.
Ce jour-là, Raven et son père ont décidé de rapporter la peau d’orignal à la maison, de la tanner et d’y tailler des carrés que les hommes pourraient porter en signe de protestation contre la violence. Les hommes qui les portent s’engagent à agir de façon responsable envers les femmes et les filles qui font partie de leurs vies. Le fait de porter un carré de peau d’orignal a aussi amené des gens qui ne se connaissent pas à discuter de la nécessité de mettre fin à la violence. Le mouvement a pris de l’ampleur en Colombie?Britannique, et les hommes ont commencé à former des groupes de discussion réguliers. L’assemblée législative de la Colombie?Britannique et la division régionale de la GRC en Colombie-Britannique se sont jointes à la campagne.
« Que la GRC participe est grandiose », affirme Paul. « Les forces de l’ordre ne sont pas étrangères à la violence conjugale, et cette forme de reconnaissance de pair avec l’engagement des policiers à porter le morceau de peau d’orignal témoignent du sérieux avec lequel ils prennent leur rôle de réduire la violence. »
Les peaux d’orignaux sont fournies par des membres des Premières nations dans les communautés du Nord de la Colombie?Britannique, et en offrant environ 2 000 $ pour chaque peau, la campagne soutient les métiers traditionnels comme la chasse et le tannage.
« Je supervise la production des carrés », explique Raven. « Pour les fabriquer, nous travaillons avec des femmes autochtones qui, autrement, seraient sans emploi. »
Aujourd’hui, un jeûne annuel fait aussi partie de la campagne. « Notre objectif est de mobiliser un million d’hommes du Canada afin qu’ils jeûnent tous le même jour pour les quatre années suivant la publication du rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation », affirme Paul.
Bien que la sensibilisation soit importante, les responsables de la campagne reconnaissent également la nécessité d’aiguiller les auteurs et les victimes d’actes de violence vers les ressources communautaires appropriées. Cette fonction fait d’ailleurs partie du plan de lancement de la campagne à l’échelle nationale. Pour à savoir plus à ce sujet, visitez le site Web de Moose Hide.
Selon Statistique Canada, tous les cinq jours, une femme est victime d’homicide au sein de sa famille, et plus de 6 000 femmes et enfants séjournent dans des refuges d’urgence pour échapper à la violence. Le taux de violence faite aux femmes autochtones est trois fois plus élevé que la moyenne nationale.
La Fondation appuie la campagne Moose Hide par l’octroi d’une subvention de 450 000 $.
29 septembre 2016