Ces dernières années, on a beaucoup parlé de la façon dont le programme À nous le podium allait donner aux athlètes canadiens l’élan nécessaire pour dominer les Jeux olympiques d’hiver en obtenant un nombre record de médailles. Le programme était censé leur fournir un entraînement supérieur et la confiance en soi indispensables pour perdre l’habitude de se contenter de « notre meilleure performance personnelle ».
En faisant le bilan des Jeux, le groupe d’experts du Comité olympique canadien devrait peut-être se pencher sur une ou deux questions avant de renouveler la marque. Comprenez-moi bien : je suis entièrement en faveur d’une hausse du financement pour des installations, l’entraînement, les déplacements, etc. qui permettront à nos athlètes de représenter le Canada en performant à la limite de leurs capacités. C’est l’insistance sur l’obtention de meilleurs résultats que ceux des compétiteurs, le besoin de botter le derrière des Américains, qui me prend à rebrousse-poil pour deux raisons :
- Cette attitude est contraire aux bonnes pratiques d’entraînement – Tous les cours d’entraîneur que j’ai suivis ont mis l’accent sur la préparation des athlètes à performer de leur mieux, non à viser des résultats. En vous concentrant sur la récompense (gagner une médaille), vous risquez de perdre de vue ce que vous contrôlez – votre foulée, votre tir, votre lancer, votre respiration – et d’offrir ainsi une contre-performance. Donnez le meilleur de vous-même et les résultats suivront.
- Les valeurs canadiennes – J’aime gagner dans une compétition sportive tout autant que les autres concurrents, mais je considère le sport de compétition comme étant un moyen de réaliser son potentiel, de devenir des coéquipiers et des leaders exceptionnels et de célébrer la performance de tous ceux qui participent à une épreuve sportive, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent. Le skieur de fond qui n’a pas atteint le podium mais a réalisé la course de sa vie après des années de dur travail dans l’obscurité doit être célébré autant que les étoiles des compétitions.
Il y a quelques jours, j’ai suivi un match de soccer; après avoir compté un but, un jeune de 12 ans a plastronné en lançant à l’adversaire : « À moi le podium ». J’ai alors pensé à ce que mon père, l’athlète à l’esprit de compétition le plus acharné que j’ai connu, aurait dit : « Il faut parler très peu quand on perd, et encore moins quand on gagne ».