Par Andrew Heintzman, PDG et cofondateur d’InvestEco, blogueur invité.
De grands changements ont eu lieu au cours de la dernière moitié du XXe siècle dans le système alimentaire nord-américain. Citons notamment une tendance à une agriculture à grande échelle faisant un usage important de produits chimiques, une production de masse de la plupart des aliments, une diminution de la diversité génétique des cultures et une augmentation constante des aliments hautement transformés. Si ces changements ont certes permis d’améliorer l’efficacité de notre production alimentaire et de diminuer le coût des calories, ils l’ont cependant fait au détriment de la santé humaine, de l’équilibre écologique, du bien être des animaux, de la qualité des sols, des emplois en milieu rural et d’autres aspects sociaux et environnementaux.
Je pense que la prochaine génération sera témoin du retour du pendule et s’emploiera à rééquilibrer un système alimentaire qui est allé trop loin, trop vite.
Cette inversion de la tendance se distinguera en partie par un retour à des pratiques qui étaient plus courantes dans les générations antérieures. On notera entre autres : une production à plus petite échelle d’aliments spécialisés; plus d’aliments produits en pâturage et cultivés au moyen de techniques agricoles empruntées au passé; l’occasion pour les petits agriculteurs de produire des cultures de plus grande valeur; une plus grande importance accordée à l’équilibre écologique dans les exploitations agricoles; une moins grande dépendance aux produits chimiques dans les pratiques agricoles; une plus grande diversité génétique dans nos cultures.
Derrière cette tendance se trouve le désir d’un meilleur équilibre dans nos systèmes alimentaires. Nous savons que les consommateurs commencent à se poser de sérieuses questions au sujet des aliments qu’ils achètent. C’est pour cette raison que dans un récent sondage la majorité d’entre eux se sont dits « très ou extrêmement préoccupés » par les pesticides, les hormones et les antibiotiques qui se retrouvent dans leurs aliments. C’est aussi ce qui explique pourquoi les ventes d’aliments biologiques ont triplé ces dix dernières années, et pourquoi les 25 plus grandes entreprises américaines du secteur alimentaire ont perdu 18 milliards de dollars en part de marché depuis 2009. (source: http://fortune.com/2015/05/21/the-war-on-big-food/)
À InvestEco, nous essayons d’encourager cette inversion de la tendance et de promouvoir une diversité, une résilience et un équilibre plus grands dans nos systèmes alimentaires. Nous le faisons en investissant dans des entreprises qui réussissent à combler les désirs des consommateurs par l’offre de produits alimentaires plus sains et plus respectueux de l’environnement. Ces entreprises sont stimulées par l’innovation, mais pas au sens qu’on lui donne habituellement. Ce type d’innovation ne concerne pas nécessairement la technologie (même si elle peut en faire partie). Il s’agit plutôt de l’innovation en agriculture, en marketing ainsi qu’en élaboration, en distribution et en emballage de produits. C’est ce type d’innovation qui a amené Vital Farms, un regroupement d’exploitations agricoles basé à Austin, au Texas, à envisager la création d’une nouvelle catégorie d’œufs provenant de poules ayant passé leur vie en pâturage et ayant profité d’une alimentation plus naturelle.
InvestEco croit que les consommateurs continueront de s’informer sur la provenance des aliments qu’ils achètent. En fin de compte, ils chercheront toujours des options qui favorisent la santé de leur famille tout en maximisant l’impact positif que la production alimentaire peut avoir sur leur environnement extérieur, que ce soit sur le plan économique, écologique ou social. Notre but à InvestEco est d’offrir à ces consommateurs des choix qui correspondent à leurs besoins et ainsi d’aider le système alimentaire à retrouver un équilibre qui profitera tant aux humains qu’à la planète.
Quels sont vos aliments réconfortants?
Mes aliments réconfortants sont le poulet au beurre et le naan.
Qui faut il surveiller?
Les petits exploitants agricoles innovants qui changent la dynamique de ce qui fonctionne en agriculture, comme Gillian Flies et Brent Preston de The New Farm à Creemore, en Ontario. Les entrepreneurs qui créent de nouvelles entreprises dans le secteur alimentaire afin d’offrir plus de choix aux consommateurs, comme Paul Sawtell et Grace Mandarano de 100km Foods. Enfin, les entrepreneurs sociaux qui prennent en main la sécurité et l’équité en matière d’aliments, comme Nick Saul, le fondateur de Community Food Centres Canada.
Ce blogue fait partie de la série L’alimentation au futur. Nous voulions savoir à quoi ressembleront les aliments du futur? Où allons-nous, où voulons-nous aller et que pouvons-nous faire pour changer les choses? Au cours des six prochains mois, nous tendrons le micro à 12 penseurs en matière d’alimentation au Canada pour tenter de répondre à ces questions cruciales.
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