Par Léa Champagne
C’est durant le Forum Urbain Mondial à Medellín en avril dernier que la grande communauté de l’urbain a (re)pris conscience des mutations urbaines hors normes en cours en Colombie, plus particulièrement dans la capitale de la région d’Antioquia, Medellín.
Au début des années 2000, l’iconoclaste Sergio Fajardo prend les reines de la mairie de la capitale et assume dès lors l’avènement de profondes transformations urbaines après plus de 20 ans de violence tenace ; un laboratoire d’innovation sociale voit alors le jour. Et c’est précisément par l’urbanisme social qui fait son chemin sous l’égide de partenariats, basés sur la collaboration et l’interdisciplinarité, qu’il se déploie sur le territoire, largement fragmenté par la pauvreté et sa morphologie unique.
Si c’est la réforme de la pensée sous-jacente à la transformation urbaine qui en a fait un modèle singulier de développement urbain, l’éducation à la responsabilité sociale des habitants à travers un questionnement permanent sur le qui, le comment et le pourquoi, par rapport au changement, à l’usage et à la consommation dans la ville, en a constitué le pilier fondateur.
Le dernier-né de cette série de transformations est un projet de corridor vert. Alejandro Echeverri, architecte engagé dans la transformation de l’aire métropolitaine de Medellín, n’a pas peur de dire que « le défi réside dans le changement de paradigme de notre relation à la nature. Elle n’est pas un obstacle au développement urbain, mais plutôt un prérequis pour que celui-ci se déploie harmonieusement »[1]. Plus près de chez nous, pensons à la High Line de New York, et pourquoi pas la route bleue de Montréal (ou celle du Québec) ayant permis la revalorisation des milieux maritimes.
Incluant le territoire, l’équilibre environnemental, les contributions et les expériences des personnes qui l’habitent, soit autant les dimensions objectives que subjectives de l’espace urbain, on a l’impression que quelqu’un a enfin mis à profit les fondements théoriques de la géographie en alliant territoire et société. Je ne peux que me réjouir de ces premiers pas et espérer qu’ils en inspireront d’autres.
[1] Alejandro Echeverri R., « Ilusión », http://www.elcolombiano.com/BancoConocimiento/I/ilusion/ilusion.asp
À propos de l’auteure:
Candidate à la maîtrise en géographie, Léa Champagne a fait des villes son sujet de prédilection. Elle travaille à titre d’agente de recherche au Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) et dans le cadre de sa maîtrise en géographie, elle s’intéresse à la participation des citoyens à la planification de l’habitat urbain, plus spécifiquement à la mobilisation des savoirs. Ce billet de blogue a été rédigé à la suite d’un séjour à Medellín en Colombie dans le cadre du 7e Forum urbain mondial des Nations Unies-Habitat. Cette participation a été possible grâce à l’appui du Centre d’écologie urbaine de Montréal.